Fabrication de la dentelle en photo stéréoscopique sur 8 points de vue
Une journée mémorable dans une fabrique de dentelle à Calais, en compagnie de Philippe Schlienger et Mathieu Levaslot.
Quel choc ! Quel contraste ! Qui pourrait imaginer que la dentelle, si fine, si blanche, est fabriquée avec des machines de plusieurs tonnes, énormes, bruyantes, datant d'un siècle, et toutes noires ?
Essayez seulement de garder les mains propres plus de 15 minutes dans une fabrique de dentelle : impossible ! Pour peu que vous vous grattiez un peu le nez ou le menton, c'est ensuite votre visage qui va devenir tout noir, puis probablement vos fringues.
Lors de sa fabrication, la dentelle subit le même sort : elle termine souvent à moitié grise. Mais ce n'est pas de la graisse ! Les métiers à dentelle sont lubrifiés avec du graphite (de la mine de crayon, en gros), donc ce n'est pas salissant. Un coup de machine à laver et la dentelle ressort immaculée. Mais il y a une telle quantité de graphite que tout est gris ou noir.
Le parquet, en bois vieux d'un siècle et servant à absorber les mouvements des machines, est tellement noir qu'on dirait du charbon. Quand on franchit la porte d'entrée, on a le sentiment de faire un saut temporel. On est dans un autre monde, à une autre époque. Rien n'a changé depuis les années 20.
Sur le côté droit du métier, les cartons contiennent la description du motif. On dirait presque un orgue de barbarie !
Une fabrique de dentelle est un lieu paradisiaque pour un photographe, surtout pour de la stéréoscopie. La raison de notre visite dans cette fabrique à Calais était de réaliser des photos pour écran autostéréoscopique Alioscopy pour l'exposition de Philippe Schlienger : « Dentelle Backstage » à la Cité de la Dentelle à Calais du 16 janvier au 30 avril 2011 :
Nous avons donc embarqué le rail motorisé, qui a fonctionné à la perfection et nous a permis dans un temps record d'effectuer des photos sur 8 points de vue, en testant à chaque fois plusieurs bases.
Nous n'avons pas utilisé le mode rafale car il fallait attendre la recharge des flash entre chaque photo. Une séquence complète de prise de vue dure de 10 à 30 secondes, selon le temps d'attente à chaque photo.
Ci-dessous une vidéo d'un shoot. On voit l'interface de contrôle, puis l'appareil qui se déplace de 1,5 cm entre deux photos :
En mode rafale, il est possible de faire les huit photos en 1 à 3 secondes, selon l'appareil et l'éclairage. Il est donc possible de photographier des être vivants capables de ne pas trop bouger pendant ce laps de temps. Cette fois-ci nous avons fait un premier test avec des personnes à qui nous avons demandé de ne pas bouger pendant 20 secondes. D'ici trois semaines nous avons l'agréable perspective tester le mode rafale sur un mannequin... en dentelle :)
Ci-dessous, l'enroulage des fils, une presse et ses 4 colonnes de bobines, les charriots contenant chacun une bobine (chaque bobine fait moins d'1mm d'épaisseur et contient un seul fil) :
Pour connaître la technologie utilisée pour les prises de vue, allez faites un tour sur l'article ci-dessous :