Qu'est-ce que l'affichage environnemental ?

Vous connaissez sûrement le Nutri-Score. Si vous faites vos courses de temps en temps, vous avez vu cette vignette sur certains articles :

Imaginez maintenant un indicateur, qui pourrait s'appeler Eco-Score ou n'importe quelle autre dénomination et qui vous permettra de connaître l'impact d'un produit non pas sur votre santé, mais sur l'environnement. Il pourra avoir une apparence différente, et son mode de calcul commence à se préciser. Il sera possible de comparer des choses très différentes, comme un steak et un jean, puis ensuite pourquoi pas une voiture. Donc il est nécessaire de laisser tomber la classification A/B/C/D/E car celle-ci n'est valable qu'au sein d'une catégorie de produit. Sinon on tombe dans le piège de devoir décaler la notation et d'arriver à des A+, puis A++ et A+++, ou G- - -, etc.

La meilleure solution est une simple valeur numérique, comme un prix, qu'on pourra appeler le « coût environnemental ».

La démarche existe depuis 2013, volontaire et encadrée, prend son origine dans la loi Climat et Résilience, elle-même issue du travail de la Convention Citoyenne pour le Climat.

L'affichage environnemental est d'ailleurs la première demande de cette Convention. Quand on veut agir, la première nécessité est d'être informé. Sans capteur, on erre. Si on ne sent pas la chaleur, on finit brûlé.

L'affichage environnemental a pour double objectif de :

  • informer les consommateurs ;
  • encourager la production durable.

On n'a pas conscience de l'impact environnemental des produits de consommation courante. Quand on fait ses courses au super-marché ou qu'on commande sur Amazon, on ne visualise pas tout ce qui a eu lieu en amont.

1,5L d'eau minérale ?

Prenons un exemple. La bouteille d'eau minérale de 1,5L qu'on a (ou pas) l'habitude d'acheter pour toutes sortes de raison. Parce qu'on est persuadé que c'est meilleur pour la santé. Ou bien simplement parce qu'on trouve le goût meilleur. Cette bouteille d'eau a suivi un cycle de vie, depuis son pompage à la source, son transport jusqu'au distributeur, son stockage, son acheminement jusque dans notre cuisine, et finalement son recyclage.

Toutes ces étapes ont :

  • consommé de l'énergie, de l'eau, et de nombreuses substances
  • rejeté dans l'environnement de nombreuses autres substances plus ou moins polluantes. Ou néfastes d'un point de vue climatique.

Un simple chiffre : la quantité d'eau consommée pour ces 1,5L d'eau minérale tourne autour de 10 à 20L. Pensez à ce ratio : on boit un litre d'eau et en amont c'est presque 10L d'eau consommée (sans compter le recyclage).

L'alternative, c'est à dire l'eau du robinet, a une production qui consomme environ 2 ou 3 cL d'eau pour la même quantité de 1,5L. La différence est énorme.

Et un kg de bœuf ?

Maintenant tenez-vous bien, si vous êtes surpris par la consommation d'eau générée par l'eau elle-même, dites-vous qu'un kilogramme de steak grillé consomme 325L d'eau.

Pour 1 kg d'avocat on tourne autour de 170L. Et surtout l'avocat se cultive dans des régions qui manquent d'eau, donc la valeur d'impact environnemental est énorme.

Ces données proviennent de la toute dernière base de données Agribalyse 3.1.1 développée par l'ADEME. Dans cette base vous pouvez trouver des choses aussi variées qu'une bouteille d'Evian, le système d'engraissement des canards, ou la production du kWh d'électricité 220V que vous avez à domicile. Il existe en tout 17842 procédés de toutes sorte, issus du travail d'experts en Analyse du Cycle de Vie, qui sont allés explorer des systèmes de production et des papiers de recherche avec une méthodologie cadrée par la norme ISO 14040/14044.

L'affichage environnemental devra permettre de comparer des choses qu'on n'a pas l'habitude de comparer, pour permettre à tout le monde de mieux gérer sa consommation, face aux enjeux des prochaines décennies.

Plus le grand public sera informé sur les différences entre les produits, plus les producteurs seront encouragés à produire différemment. L'expérimentation est encore en cours, mais l'affichage environnemental commencera à devenir obligatoire à partir de 2024.

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